mercredi 16 mars 2016

Poème coquin de 1660


Poésie de la Marquise de Mme de Sévigné.



Ah ! vous dirais-je Maman,

A quoi nous passons le temps,

Avec mon cousin Eugène ?

Sachez que ce phénomène,

Nous a inventé un jeu,

Auquel nous jouons tous les deux.



Il m'emmène dans le bois,

Et me dit: "déshabille-toi ".

Quand je suis nue tout entière,

Il me fait coucher par terre,

Il vient se coucher sur moi.



"Écarte bien tes genoux"

Et la chose va vous faire rire,

Oh ! vous conviendrez Maman,

Qu'il a des idées vraiment !



Puis il sort, je ne sais d'où,

Un petit animal très doux,

Une espèce de rat sans pattes,

Qu'il me donne et que je flatte.

Oh ! le joli petit rat !

D'ailleurs, il vous le montrera.



Et c'est juste à ce moment,

Que le jeu commence vraiment.

Eugène prend sa petite bête,

Et la fourre dans une cachette,

Qu'il a trouvée, le farceur,

Où vous situez mon honneur.



Mais ce petit rat curieux,

Très souvent devient furieux.

Voilà qu'il sort et qu'il rentre,

Et qu'il me court dans le ventre.

Mon cousin a bien du mal,

A calmer son animal.



Complètement essoufflé,

Il essaye de le rattraper.

Moi je ris à perdre haleine,

Devant les efforts d'Eugène.

Si vous étiez là, Maman,

Vous ririez pareillement.



Au bout de quelques instants,

Le petit rat sort en pleurant.

Alors Eugène qui a la tremblote,

Le remet dans sa redingote.

Et puis tous deux, nous rentrons,

Sagement à la maison.



Mon cousin est merveilleux,

Il connait des tas de jeux.

Demain soir, sur la carpette,

Il doit m'apprendre la levrette,

Si vraiment c'est amusant,

vous l'apprendrai en rentrant.



Voici ma chère Maman,

Comment je passe mon temps.

Vous voyez je suis très sage.

Je fuis tous les bavardages.

Et j'écoute vos leçons :

Je ne parle pas aux garçons.

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