jeudi 4 février 2010

Ça vient d’où çà (87) : Avaler des couleuvres

Signification
Subir des affronts, des désagréments sans pouvoir protester.
Accepter comme des vérités n'importe quelles déclarations.

Origine
Si quelqu'un avale des couleuvres, c'est qu'il leur trouve bon goût, non ? Comme quoi, les goûts et les couleuvres...

La deuxième signification proposée, la moderne, est une évolution de la première qui, selon Furetière, existait au XVIIe siècle.

En effet, en partant de quelqu'un qui est obligé d'accepter ce qu'on lui propose ou inflige sans pouvoir le refuser ou le contester, et celui qui finit par gober n'importe quoi sans émettre la moindre objection, il n'y a qu'une petite distance à franchir.

Chateaubriand et Mme de Sévigné ont souvent utilisé cette expression.

Devoir accepter de subir des choses désagréables sans rechigner était autrefois le lot de toutes les personnes en position d'infériorité (comme le personnel de maison, par exemple).

Mais cela n'explique pas le lien avec nos charmants serpents.

Une des deux origines souvent citées viendrait d'une époque où les anguilles étaient très présentes dans nos rivières et servaient de plat commun.

Il est donc possible que certains hôtes facétieux ou désirant se venger de quelque chose, aient servi à leurs invités quelques couleuvres mêlées aux anguilles d'apparence très proche. Et soit les invités ne s'en rendaient pas compte, montrant ainsi qu'il 'gobaient' n'importe quoi, soit ils s'apercevaient de la chose mais ils restaient bouche cousue pour ne pas faire d'esclandre ou ne pas se fâcher avec leur hôte.

Une autre origine, la plus probable, vient d'une ancienne signification de 'couleuvre' qui désignait aussi une insinuation perfide, le genre de chose à laquelle il n'est pas toujours simple de répondre et qu'on doit alors subir sans piper mot.

Ce sens du mot était bien entendu lié au comportement du serpent, cet animal qui a convaincu Ève de croquer la pomme.
Cet emploi aurait été renforcé par la confusion avec 'couleur' qui, du XVe au XVIIe siècle désignait une fausse apparence, encore symbole de perfidie (une bonne couche de peinture peut dissimuler bien des défauts).

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